La 15ème édition de RURALITIC se tiendra les 25, 26 et 27 août prochains à Aurillac, et parallèlement sur une plateforme virtuelle. Entretien avec Bruno Faure, Président du Conseil départemental du Cantal, partenaire fondateur de RURALITIC.
Pourquoi avez-vous décidé de maintenir RURALITIC ?
Nous sortons d’une période exceptionnelle à deux titres. Tout d’abord nous avons tous été confinés pendant presque deux mois. Nous avons pu mesurer, à travers le télétravail ou l’école à la maison à quel point le Numérique était indispensable ! 20% des Français sont « exclus » du Numérique, soit parce qu’ils n’ont pas le réseau, soit parce qu’ils ne savent pas s’en servir. Pour eux c’était la double peine, confinement ET isolement, voire décrochage… Nos territoires ruraux ont plus que jamais besoin de monter en compétence numérique, d’avoir accès aux réseaux, d’avoir accès aux services digitaux, nous n’allons pas annuler RURALITIC au moment-même où les élus ont besoin de trouver des solutions ! Ensuite, nous sortons d’élections municipales elles aussi assez particulières avec deux tours distants de deux mois et demi, des records d’abstention, et un taux de renouvellement inédit, estimé autour de 30% de maires nouveaux. Nous ne pouvons pas laisser tomber tous ces « nouveaux » maires au moment où leurs populations vont avoir besoin plus que jamais des technologies numériques.
Et pourquoi ce choix d’un format hybride ?
Nous avons à cœur de protéger notre territoire, et d’agir de façon responsable en respectant au maximum les règles de sécurité liées au Covid 19, qui est toujours là. Nous accueillerons cependant les participants au Centre des Congrès dans le respect des règles sanitaires. Mais nous avons surtout voulu permettre à plus de monde que d’habitude (NDLR Ruralitic accueille environ 600 participants) de pouvoir vivre cette édition, de pouvoir se nourrir des conférences, des ateliers et de visiter les stands pour trouver des solutions opérationnelles pour leurs territoires. C’est stratégique pour la ruralité, et les nouveaux élus. Nous avons donc fait le choix d’une plateforme immersive 3D, les élus de toute la France qui ne pourraient nous rejoindre à Aurillac vont ainsi quand même vivre RURALITIC, y accéder, s’y déplacer, y discuter entre avatars. Cela augmentera l’audience de l’événement. C’est une première nationale, un événement hybride, à la fois présentiel et virtuel.
Quels seront les grands sujets de l’édition 2020 ?
La mère de toutes les questions pour nous, c’est « comment le numérique peut-il contribuer à décupler l’attractivité des territoires ruraux ? » Depuis la création du programme CyberCantal, c’est notre fil rouge. La période que nous venons de traverser à redonner à penser les territoires ruraux comme des espaces de sauvegarde, de protection, loin de la surpopulation contagieuse des métropoles, de l’enfermement dans de petits appartements, de la promiscuité des métros bondés… Bref le confinement a mis en lumière ce que nous défendons depuis des années, la qualité de vie. Mais la contrepartie c’est l’activité, le travail. Or, avec la dématérialisation croissante de l’économie, de plus en plus de métiers sont télé-travaillables et les réseaux numériques permettent à tout Français de se poser une question toute nouvelle, ou jusqu’ici réservée aux retraités aisés : « où ai-je envie de vivre ? » Dans le Cantal évidemment ! Donc cette année RURALITIC va aborder l’avancée des réseaux THD, la France devrait être totalement couverte, en fixe et mobile entre 2022 et 2025, ça approche. Nous allons aussi parler de la contribution du Numérique aux économies locales grâce à la création de circuits-courts et de plateforme de commerçants, de continuité pédagogique et éducative, et évidemment d’inclusion numérique, ou comment permettre à tous les citoyens de disposer d’un accès égal aux services publics et à leurs droits ! Enfin, nous introduirons les enjeux de l’édition 2021 – Jeunesse rurale, Avenir égal – car la jeunesse est une priorité pour le Cantal, faire rester ou revenir nos jeunes, leur donner les opportunités d’exprimer leur talent ici, de libérer leur potentiel, de créer des activités et d’acquérir des compétences sans être obligés de s’exiler.
Pensez-vous que les élus ruraux sont prêts pour cette nouvelle expérience numérique, à la fois RURALITIC dans un monde virtuel mais aussi plus largement pour intégrer le Numérique dans leurs projets de territoires ?
C’est évidemment très divers. Il y a les anti-Numérique, ils sont peu nombreux mais on les entend bien… Il y a ceux qui sentent que leur population est en demande, mais qui ne se servent pas d’un smartphone ou d’un ordinateur au quotidien, et qui se sentent parfois dépassés. Pour eux, RURALITIC 2020 sera très utile s’ils acceptent de se faire accompagner ensuite dans les espaces publics numériques du territoire ou encore en visitant le Bus Départemental CyberCantal par exemple. Et puis il y a ceux qui maîtrisent les nouvelles technologies, ils sont de plus en plus nombreux à participer à RURALITIC. Ils ont conscience que c’est stratégique et souhaitent faire émerger des projets. Un des enjeux, pour les maires notamment, c’est de s’entourer, de choisir pour son conseil municipal par exemple un adjoint ayant la compétence et le goût du Numérique, et aussi, pour ceux qui ont des équipes, de missionner un technicien sur ces sujets. Le digital est une révolution depuis 20 ans maintenant, on ne doit pas rester isolé et à la marge. Ne pas s’intéresser au numérique, c’est renoncer à le mettre au service de l’intérêt général. Ici, dans le Cantal, nous avons fait le choix inverse, en lançant CyberCantal, les télécentres, les services administratifs en visio-guichets, les collèges et les écoles connectés et équipés, la télémédecine dans les EHPAD, la smart-agriculture et bien sûr le déploiement du haut et du très haut débit. Ayons de l’audace et de l’ambition !
