RuraliTIC - Le Smart Village
27-28-29 août au Centre des Congrès d'Aurillac, Cantal, Auvergne

3 questions à Dominique Valentin
24 mars 2020

Télétravail, après le virus…

Le télétravail s’est imposé depuis une semaine comme LA modalité permettant aux entreprises de continuer à fonctionner. Étaient-elles toutes prêtes ?

A en juger par le nombre de webinaires organisés sur le sujet par les syndicats et autres experts en management, il faut croire que non. La ruée dans les magasins d’informatique pour acheter du matériel adapté montre également à quel point les entreprises ont été prises de court. Ce télétravail a donc été « subi » comme en son temps la mobilité « imposée » à de nombreux pendulaires condamnés à se rendre sur leur lieu de travail pour effectuer un métier qui ne pouvait « soi-disant » pas être réalisé à distance…

Le télétravail tel qu’il est présenté actuellement est majoritairement « à domicile » du fait de la non-scolarisation des enfants. Est-ce la meilleure version du télétravail ? Peut-on actuellement en mettre d’autres en œuvre ?

Ce que nous voyons ce n’est pas vraiment du télétravail, c’est un mode dégradé du travail de bureau. Tous les reportages montrent des « télétravailleurs » pliés en 2 sur la table du salon ou installés dans la cuisine à côté des enfants qui au mieux font leurs devoirs mais bien souvent font du bruit. Rester à la maison pour garder ses enfants et en même temps se voir demander d’être un collaborateur efficace génère l’énorme frustration de n’être ni un bon parent et ni un bon collaborateur. Certes tous les télétravailleurs n’ont pas des enfants à charge et ceux qui ont la chance d’avoir une grande maison témoigneront qu’il n’y a aucun problème à rester à domicile sous réserve que la connexion internet soit suffisante. 

Depuis plus de 8 ans, Relais d’Entreprises accompagne les collectivités dans le dimensionnement de tiers lieux d’activité pour télétravailleurs car nous savons l’importance de dissocier vie privée et vie professionnelle. Nous allions justement publier les résultats de l’enquête menée fin 2019 début 2020 et consacrée à la valeur ajoutée d’un tiers lieu face au domicile pour la pratique du télétravail.

Quelles conséquences pensez-vous que cette crise aura sur le rapport des Français à leur travail, à la relation entre lieu de vie et lieu d’emploi ?

Les conséquences de cette crise seront multiples, à commencer par une prise de conscience qu’il est possible de vivre différemment et surtout plus sobrement. L’expérimentation du télétravail forcé laissera place à un télétravail organisé et assurément ailleurs qu’au domicile, lequel aura montré largement ses limites pour un grand nombre d’actifs.

La pratique du télétravail dans les tiers lieux comme ceux fédérés autour de l’Enseigne Relais d’Entreprises (la seule en France à porter un engagement très fort en faveur d’une mobilité choisie à deux pas pour un meilleur rééquilibrage des territoires) va s’accélérer.

Bien que la question du surcoût de cet immobilier puisse encore être un point de blocage pour les entreprises fortement fragilisées par cette crise, il est probable que les surfaces de bureaux louées classiquement en contrat de bail dans les Grandes Agglomérations soient réduites au profit du Flex Office et de l’utilisation des espaces de coworking (tiers lieux d’activité).

Les collectivités ont une carte à jouer en accompagnant ce mouvement et en réhabilitant des bâtiments publics vacants afin de les transformer en tiers lieux d’activité dont les loyers pourront s’affranchir d’une simple motivation de retour sur investissement.

Mais attention à ne pas aller trop vite car il ne faudrait pas que l’amateurisme du télétravail à domicile laisse sa place à l’amateurisme du télétravail dans des tiers lieux « improvisés ». La réponse à apporter aux habitants doit s’inscrire dans une stratégie d’aménagement du territoire à l’échelle des différents bassins de vie. Le niveau de service à apporter doit être compatible avec les exigences des entreprises qui ne voudront pas d’aménagements au rabais. Et enfin, la politique tarifaire proposée devra tenir compte de l’ensemble des externalités positives de ce rapprochement emploi / habitat que ce soit pour l’entreprise, le salarié mais également la collectivité.

Plus que jamais, les habitants des territoires et notamment ceux devenus dortoirs redeviendront des VIVANTS de leurs territoires ce qui par la même occasion apportera une réponse à la fermeture des petits commerces de centre bourg.

De cette dynamique de village retrouvée, il sera alors plus facile d’attirer des médecins, de renforcer l’offre culturelle…

Le rééquilibrage des territoires sera alors définitivement enclenché…

Dominique Valentin, Fondateur de Relais d’Entreprises



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